Niché sur les hauteurs du Bouclier canadien, au cœur de la forêt laurentienne boréale, le SAN incarne l’histoire d’un lieu mythique qui a marqué l’imaginaire collectif. Occupée depuis des millénaires par les Premières Nations, cette terre d’évasion sauvage, révélée au monde par le chemin de fer en 1888, se compose de dizaines de milliers de lacs, dont le majestueux lac Édouard, berceau de la rivière Batiscan. Sa richesse halieutique et la beauté brute de ses paysages ont vu naître, il y a plus de 135 ans, les premières stations écotouristiques du continent, faisant de cette région l’un des hauts lieux encore méconnus du tourisme de nature et d’aventure.
Sur cette presqu’île enchâssée dans l’immensité boréale, un village isolé a surgi, érigé pour soigner les victimes de la tuberculose. Une véritable petite communauté autonome s’est développée autour de bâtiments d’envergure, répondant à tous les besoins d’une ville moderne de l’époque. Aujourd’hui, ce passé vibrant renaît au SAN, entre forêts vierges et rivières scintillantes : une terre de mémoire où s’entrelacent agriculture nordique, art monumental inspiré, et hommage vivant aux paysages et à l’esprit des lieux.
Sous des milliards d’étoiles
Histoire
À une époque où la tuberculose faisait des ravages partout dans le monde, des milliers de familles québécoises ont vu l’un des leurs être envoyé au sanatorium du lac Édouard. Face à la maladie, la réponse passait alors par l’isolement en pleine nature, dans des établissements conçus comme de véritables refuges thérapeutiques, loin de l’agitation des villes. Le sanatorium du lac Édouard, tout à la fois austère par sa mission et raffiné par son aménagement, évoquait pour plusieurs une véritable station de villégiature forestière, où confort et grand air se conjuguaient au milieu d’un monde bouleversé.
Derrière ses murs, une vie singulière s’organisait, faite de camaraderie, de soutien mutuel et de liens profonds tissés entre les patients. Cet esprit de solidarité a laissé une empreinte durable dans les mémoires jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, le village sanatorial invite non pas à revivre le passé, mais à en capter l’esprit et à se reconnecter à la trame silencieuse de notre histoire commune.
Nature
Le SAN s’élève sur une presqu’île préservée, enveloppée par les eaux du lac Édouard, de la rivière Batiscan et du lac Florenz-Ziegfeld. Dès ses origines, ce site enchanteur, baigné de beauté sauvage, avait été choisi pour ses vertus de ressourcement, loin de l’agitation des villes. Aujourd’hui, il renoue avec cet esprit premier en devenant une station de plein air où nature et mémoire se rencontrent.
Glissez en canot sur la source de la majestueuse rivière Batiscan. Marchez sur les traces des peuples autochtones et des coureurs des bois, à la découverte d’un territoire encore vierge. Endormez-vous au chant lointain du huard sous un ciel éclaboussé d’étoiles, et ouvrez l’œil : le Martinet ramoneur, espèce menacée, continue de trouver refuge ici, fidèle au rendez-vous depuis plus d’un siècle.
Art
Le SAN enveloppe ses visiteurs d’un sentiment d’apaisement et de recueillement, nourri par les traces du passé qui affleurent à chaque détour. Cet esprit des lieux, encore vibrant, trouve une résonance saisissante dans les œuvres d’art qui animent aujourd’hui le site.
Chaque année, dans le cadre du festival Canettes d’épinette, quelques-uns des muralistes les plus renommés du pays viennent créer des œuvres de grand format, inspirées par la mémoire et la beauté du lieu. Le reste du temps, ces murales monumentales, en constante évolution, offrent aux visiteurs un parcours artistique unique : une véritable transmission de l’âme du SAN par l’art visuel. Séjourner ici, c’est s’immerger dans la vision des artistes, ressentir l’esprit des lieux à travers leur regard, et découvrir l’un des plus vastes musées de street art à ciel ouvert au pays.
Agriculture
L’une des plus belles granges du Québec veille fièrement sur le SAN. Construite durant la Première Guerre mondiale pour assurer l’autosuffisance du village sanatorial, elle fut érigée avec les meilleurs savoir-faire de l’époque — une solidité qui lui a permis de traverser les décennies.
Entièrement restaurée au cours des dernières années, la grange est aujourd’hui le cœur battant d’une activité agricole nordique à petite échelle, où le climat alpin est mis en valeur. Les visiteurs y découvrent les saveurs du terroir local, dont la légendaire fraise du SAN, cultivée avec passion. Non loin de là, de magnifiques jardins de fleurs renaissent, mettant en lumière des espèces ornementales oubliées, retrouvées dans les anciens massifs de l’Allée des Soupirs et désormais revalorisées, dans le même souffle qui anime l’esprit du lieu.